Une profonde inspiration religieuse caractérise les oeuvres de Fra Angelico. Dominicain, il passa sa vie dans les monastères et mit son talent au service exclusif de l'Eglise. L'un des derniers représentants de l'art religieux médiéval, Fra Angelico a enrichi l'art sacré a y incorporant le paysage et en donnant à Jésus les traits d'un enfant et non plus ceux d'un adulte réduit aux dimensions d'un nain. L'illustre historien de l'art Giorgio Vasari note à son propos : « Chaque jour, avant de se mettre à peindre, Fra Angelico suppliait le Ciel de lui accorder l'inspiration ». Pour lui, le paradis était une réalité et il le représentait comme un reflet de la céleste béatitude. Fra Angelico, rapporte Vasari, versait des larmes chaque fois qu'il peignait une Crucifixion. Sur ses fresques et ses panneaux, anges et saints sont d'une beauté tellement radieuse que Michel-Ange en déduisait que l'Angelico avait nécessairement vu le Paradis. Célèbre pour sa piété, sa douceur et sa modestie, Fra Angelico était un homme exceptionnel, pur esprit ignorant la colère et l'envie, toujours content et satisfait.
De son vrai nom, Guido di Pietro, Fra Angelico naquit en 1387 à Vicchio, petit village toscan. Impressionné par les paroles d'un célèbre prédicateur, à l'âge de vingt ans, il prit la robe des Dominicains, à Fiesole. Novice, il se fit appeler Fra Giovanni da Fiesole mais, plus tard, sa prédilection pour les représentations d'anges qu'on retrouve en grand nombre dans ses compositions lui valut le surnom d'Angelico. En 1409, réunis à Pise, les Pères conciliaires s'efforçaient, en nommant un troisième Pontife, de mettre fin au conflit entre les Papes de Rome et d'Avignon. La lutte dont le trône de Saint Pierre était l'enjeu jetait le trouble dans la Chrétienté. Fra Angelico et Benedetto, son frère, Dominicain comme lui, ayant épousé la cause du Pontife romain, durent quitter Fiesole et gagner Cortone où ils restèrent cinq ans. En 1418, le Concile de Constance trancha le différent et Martin V coiffa la tiare. L'Angelico et son frère purent regagner Fiesole où ils séjournèrent jusqu'en 1435. En 1418, après avoir rencontré Don Lorenzo Monaco, célèbre miniaturiste, Fra Angelico commença à peindre.
Pendant plusieurs années, il orna d'enluminures les manuscrits du monastère. A 1432 remonte sa première oeuvre importante, une Annonciation qu'il peignit pour le monastère de Saint Alexandre, à Brescia. L'année suivante, la corporation des tisserands de Florence, lui commanda un retable.
L'Angelico employait de nombreux aides et élèves et, parmi les tableaux qu'on lui attribue, beaucoup sont, en fait, des oeuvres collectives. En 1435, son frère Benedetto quitta Fiesole pour Florence où régnait Cosme de Médicis, grand-père de Laurent le Magnifique. Protégé de Cosme de Médicis, l'Angelico décora les salles, les couloirs et les cellules du monastère de Saint Marc où il vivait. Convié à se rendre à Rome, en 1449, par le Pape Eugène IV, l'Angelico y peignit plusieurs fresques. Peintre célèbre entre tous, en 1449 Fra Angelico regagna Fiesole. Il mourut en 1455, alors qu'il se trouvait à Rome.